Souvent considéré comme l’homme d’une seule licence, Joe Dante ne peut pourtant pas être réduit aux deux Gremlins. Cinéphile passionné et passionnant, évoluant entre films d’exploitation et productions hollywoodiennes à grand spectacle, il a su marquer de son emprunte unique tous les projets qui lui ont été confiés. Devenu relativement discret depuis quelques années (son dernier long-métrage date de 2014), il est considéré aujourd’hui comme l’un des réalisateurs les plus réjouissants et les plus singuliers de sa génération. Retour sur un cinéaste et une filmographie injustement méconnus.
Premiers pas
Roger Corman et les débuts à Hollywood
Piranha
largement et y ajoute une dimension parodique et politique qui fait tout le sel du film.
Piranha sort la même année que le deuxième opus des Dents de la mer. Les studios Universal y voit, à juste titre, un plagiat de leur propre film et, pour éviter toute concurrence, tentent de le faire interdire. C’est Spielberg lui-même, séduit par le long métrage de Dante, qui intervient en sa faveur et lui permet de sortir. Il dira plus tard que Piranha est le plagiat le plus réussi de son film de monstre. Même si Dante garde un goût amer de cette expérience, le film se révèle être un très beau succès et lui permet de se faire connaître auprès de Spielberg.
Hurlements
Gremlins
Et c’est encore une fois le réalisateur d’E.T. qui va sauver Dante car le studio n’apprécie pas du tout le film. C’est Spielberg lui-même, pourtant surpris du mélange de tons, qui va le défendre bec et ongles, jusqu’à intervenir, à la demande de Dante, auprès de la Warner pour sauver la scène dramatico-humoristique où Kate raconte la mort de son père, coincé dans la cheminée déguisé en Père Noël. Personne n’aimait cette scène, pas même Spielberg, mais Dante y tenait particulièrement. Il y voyait, à juste titre, une véritable clé de lecture pour le film : un mélange de sérieux et de dérision qui place le spectateur dans une certaine incertitude face au film. C’est finalement Spielberg qui suit son réalisateur et maintient la scène, à l’encontre de tous les avis. Le film est plus qu’un succès puisqu’il s’impose presque directement comme un véritable phénomène de la pop culture. Un succès sur lequel les producteurs souhaitent surfer le plus longtemps possible. Gremlins 2 est donc très rapidement envisagé mais Dante refuse catégoriquement de se relancer dans un tel projet, épuisant à plus d’un titre.
Explorers
L’aventure intérieure et Les Banlieusards
Gremlins 2
Panic sur Florida Beach
Small Soldiers
Il revient alors au cinéma par la grande porte grâce à une nouvelle
Les Looney Tunes passent à l’action
The Hole
Burying the Ex
Depuis 2014, Dante se fait plus discret. Il collabore encore occasionnellement à des projets télévisuels (notamment pour les séries Les Sorcières de North Hampton ou Salem) mais n’a plus réalisé de films. S’il ne manque pas de projets (The Man with The Kaleidoscope Eye, biopique de Roger Corman ou encore Labirintus, présenté comme un thriller surnaturel), aucun ne semble aboutir et les fans commencent à désespérer de son retour derrière la caméra. Peut-être se fera-t-il à l’occasion de ce fameux Gremlins 3 dont on ne finit plus d’annoncer la production ?
Un gremlin à Hollywood
Quoi qu’il en soit, Joe Dante a derrière lui une filmographie, certes inégale, mais redoutablement cohérente. Essentiellement réalisateur de commande, il a réussi à insuffler dans l’ensemble de ses projets, une dose d’irrévérence, de subversion et d’originalité qui tient presque du miracle. Sa production est ainsi particulièrement incarnée et constitue autant une mémoire amoureuse du cinéma de grand spectacle et de l’imaginaire enfantin qu’un témoignage évident du potentiel politique et critique de la culture populaire.
Pour aller plus loin:
- Le Podcast liégeois Popcorn Club (animé par Caroline Poisson et Vincent Tozzini) a consacré un épisode à la série Gremlins
- Collectif, Joe Dante et les Gremlins de Hollywood, Cahiers du Cinéma, 1999.
- Franck Lafond, Joe Dante : l’art du je(u), Rouge profond, 2011.