Si la fantasy est aujourd’hui présente sur tous les écrans, son émergence dans le septième art n’a pas pour autant été aisée, et la variété des formes qu’a pu prendre le genre peut aisément perdre le spectateur curieux. Les images qui s’imposent sont légion à la simple évocation du terme fantasy, héritées de la multitude de sous-genres qui la compose. Votre serviteur vous renverra donc à l’article de Jean-Pierre Devresse sur ce même blog pour en décortiquer les origines précises. Aventures épiques, mondes imaginaires, récits initiatiques, artefacts sacrés, univers bouleversés et tragiques, la Fantasy parcourt le cinéma depuis ses origines mais n‘a pas toujours été pour autant un compagnon fidèle.
Aux origines…
Les Nibelungens (1924) de Fritz Lang est sans doute le titre qui s’impose dès qu’il s’agit d’évoquer les premières tentatives marquantes du genre. Les fantaisies pelliculées de Méliès peuvent être citées, mais l’envergure de l’œuvre du réalisateur de Metropolis mérite qu’on s’y attarde. Ampleur du récit qui s’étend sur plusieurs heures, ambition plastique et formelle qui demande une production démesurée (des forêts entières d’arbres en plâtre seront construites), bien des caractéristiques de cette fresque en deux parties (La Mort de Siegfried et La Vengeance de Kriemhild) sont partagées par les œuvres à venir ; Lang va puiser au cœur des légendes et des mythes comme d’autres iront s’abreuver aux contes et aux récits merveilleux, et bien entendu dans la littérature. La création d’un monde imaginaire exige souvent des moyens financiers et artistiques colossaux, sous peine de nuire à toute crédibilité. L’exercice de la fantasy, sous sa définition la plus large, n’est pas aisé. Les Nibelungens n’en sera pas moins une réussite marquante, dont l’influence se sentira jusqu’au Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Plus proche chronologiquement du film de Fritz Lang, Kochtcheï L’immortel (1945, Alexandre Rou), se met au service de la propagande russe au sortir de la seconde guerre mondiale, et portera à l’écran une légende slave, ambitionnant de concurrencer le chef d’œuvre allemand sur son propre terrain.
Autour de ses projets pharaoniques, la culture populaire va régulièrement accoucher de films susceptibles de se raccorder au genre, sans toutefois y plonger totalement. Mais il faut parfois peu de choses pour qu’un film d’aventure vienne explorer le territoire qui nous intéresse. Jusqu’au années 1970, les amateurs de guerriers aux épées scintillantes pourront s’abreuver dans les divers peplums fantastiques produits par les États-Unis et l’Italie. Les Hercule, Maciste, et autres héros directement venus ou inspirés des récits antiques et moyenâgeux (on ne compte plus les récits des chevaliers de la Table Ronde), s’incarnent dans de nombreuses productions.
De l’autre côté du spectre, les adaptations de récits merveilleux classiques ou issus de la littérature pour enfants comme Le Songe d’une Nuit d’été en 1935, ou Les 5000 doigts du Dr T en 1953, implantent dans la tête des spectateurs des univers féériques ou oniriques peuplés d’un bestiaire bigarré qui laisseront des traces chez des cinéastes comme Tim Burton. En plus des notes aiguës de la voix de Judy Garland, et si la crédibilité de son univers n’est pas un objectif premier, Le Magicien d’Oz (1939) convoque sorcière, univers parallèles et de mondes magiques… Très souvent, la fantasy, même lorsqu’elle n’en prend pas le nom, se développe à grand coups d’innovations visuelles et de ruptures technologiques. Plus encore que le nom des réalisateurs, ce sont les maîtres des effets spéciaux qui vont nourrir les imaginaires. Ainsi, la dette du cinéma à grand spectacle de ces 30 dernières années vis-à-vis d’un géant comme Ray Harryhausen est immense, et il y a fort à parier que le visage de la fantasy n’aurait jamais été le même sans les géniales créations qui peuplent Le Septième voyage de Sinbad (1958), Les Voyages de Gulliver (1960) ou encore Jason et la Argonautes (1963).
Le chant glorieux des années 1980
Toutefois, la fin des années 1970 va entraîner une brutale percée du genre. En bouleversant, en 1977, le paysage industriel, Star Wars premier du nom va ramener au premier plan l’importance du conte et imposer durablement le monomythe de Joseph Campbell comme modèle de récit incontournable du cinéma. Car le si le film de George Lucas est souvent classé dans la catégorie science-fiction, la matrice narrative, une fois dégagée de son décorum technologique, emploie tous les référents de la fantasy : princesse, chevaliers, pouvoir surnaturel à dompter… La capacité du cinéaste à faire vivre un univers complètement artificiel synthétisant nombre d’influences mythologiques, associé au travail de titan des ingénieurs d’ILM et l’ampleur d’une composition musicale revenant aux opéras classiques, ravive le goût le public pour les récits mythologiques – et que les sabres soient d’acier ou de lumière importe finalement peu. Peut-être peut-on y voir aussi, au sortir du réalisme pessimiste qui caractérisait le Nouvel Hollywood, l’émergence de la culture geek, où des créateurs bercés par les comics, les serials et la lecture de Weird Tales, se voient offerts la possibilité d’explorer à nouveau, et réinventer, les univers les ayant accompagnés au cours de leur jeunesse… avec des moyens inaccessibles à leurs inspirateurs.
Lorsqu’il aborde Conan le barbare en adaptant Robert E. Howard en 1982, John Milius adopte ainsi un ton résolument sérieux, cite Nietzche en pré-générique et fait preuve d’une ambition inattendue, qui ne sera pas pour autant l’apanage de la majorité des tentatives qui vont suivre. Car la cuirasse du genre s’écaille lorsque l’argent vient à manquer, et dans de nombreux cas, les producteurs vont préférer les corps aux décors : les héros musculeux vociférant et peu vêtus saturent rapidement les écrans, jusqu’à la caricature : Dar l’invincible (1982), Ator le Conquérant (1982), Kalidor, la légende du Talisman (aka Red Sonja,1986), Les Barbarians (1987)… le filon ne se tarit pas pendant plusieurs années, mais la difficulté à illustrer honorablement le genre est patente. Créer des univers de toute pièce est une entreprise colossale à une époque où le CGI n’est qu’un rêve lointain, et on ne s’étonnera pas que le cinéma d’animation soit plus propice à l’exercice.
De la première tentative courageuse mais inaboutie d’adapter Le Seigneur des anneaux en 1978 par Ralph Baskshi (qui collaborera ensuite avec Frazetta avec plus de succès sur Tygra, la glace et le feu) au fabuleux Dark Crystal (1982) de Jim Henson et Frank Oz, en passant par La Dernière Licorne (1982) des studios Rankin/Bass (par ailleurs auteurs d’une première adaptation du Hobbit en 1977), les univers faits de dessins et de marionnettes, même imparfaits, restent infiniment plus évocateurs et stimulants que la Sword and Sorcery au rabais des productions fauchées. Disney, lorsqu’il produit Taram et le Chaudron Magique en 1985, prend aussi le risque de donner une ambiance parfois cauchemardesque à sa tentative de fantasy animée, mais le récit peine à trouver son point d’équilibre en terme de tonalité et de dynamique et sera un échec public cuisant. Quelques œuvres marquantes surnagent dans la décennie. Excalibur (1981) de John Boorman réalise un admirable condensé du mythe arthurien et assume une esthétique opératique et outrancière. Le Dragon du Lac de Feu (1981, Matthew Robbins) offre avec son Vermithrax Pejorative un des plus beaux dragons de l’histoire du cinéma, mais s’enracine dans une tendance globale à négliger l’originalité des univers. Legend (1985) de Ridley Scott pousse davantage encore l’épure son récit, et préfère, à une dramaturgie complexe, la composition d’images formidables, parcourues de fulgurances inoubliables (la créature Darkness, sommet du genre). Deux ans plus tard, Rob Reiner et son Princess Bride (1987) renoue également avec une forme volontairement naïve et simple de l’aventure fantastique, en prise directe avec ses origines orales. Ladyhawke, la femme de la nuit (1985) de Richard “Superman” Donner illustre pour sa part une très belle légende romantique portée par un casting de toute beauté, mais plombée par une musique kitchissime. S’il place ses immortels s’affrontant à la lourde épée dans un contexte urbain, le Highlander (1986) de Russel Mulcahy n’en flirte pas moins avec les archétypes du genre – et demeure une des rares tentatives filmiques à n’adapter aucune œuvre préexistante. Très orientés jeunes public, Labyrinthe (1986) de Jim Henson et L’histoire sans fin (1984) de Wolfgang Petersen vont s’ancrer dans l’imaginaire collectif d’un grand nombre d’enfant des années 1980, et il n’est pas interdit de voir dans le long métrage de Petersen le précurseur de plusieurs films explorant les troubles du quotidien via le légendaire, qui émergeront une vingtaine d’année plus tard.
Terres perdues
Cela étant, si l’on peut aujourd’hui reconnaître que nombre de ses titres font partie intégrante de la pop culture et sont régulièrement évoqués avec nostalgie, la majorité des films de fantasy de l’époque s’avèrent être des déceptions financières. Même George Lucas, lorsqu’il produit Willow (1988, Ron Howard) s’y casse les dents, laissant la suite des aventures du héros éponyme s’épanouir en littérature. Même si beaucoup de titres cités ont connu les tourments de suites et séquelles souvent aussi décevantes que douloureuses, le goût de l’aventure fantastique à finit par se tarir, au profit d’une exploitation mercantile toujours plus pauvre.
Ainsi, à l’orée des années 90, le genre semble moribond. Spielberg se casse les dents sur Hook (1991) occasion manquée de réinvestir l’imaginaire enfantin sous un regard adulte. Les cinéastes à explorer le genre sont finalement rares… C’est davantage via le regard atypique et personnel d’un Terry Gilliam que la fantasy trouve une forme stimulante. Si l’œuvre de l’ancien Monty Python ne s’ancre pas dans les codes stricts du genre, elle multiplie les passerelles, voyageant de Lewis Caroll au mythe Arthurien. Depuis Jabberwocky en 1977, et même Sacré Graal qu’il coréalise en 1975 avec Terry Jones, le cinéaste ne s’est jamais éloigné longtemps des mondes chimériques où errent les héros paumés, aussi hors normes et délirants soient-ils. Bandits Bandits (1981), Les aventures du baron de Munchausen (1988), Fisher King (1991), et plus tard Les Frères Grimm (2005), L’imaginarium du Docteur Parnassus (2009) … Si l’aventure n’est pas l’objectif premier, le regard de Gilliam sur ces formes et son goût des univers profondément graphiques mérite d’être évoqué, en particulier lorsque ces fugues imaginaires offrent la seule échappatoire aux tourments internes de ses protagonistes. L’émotion humaine et esthétique comme remède à une réalité âpre.
En attendant, l’amateur se sustente où il peut. Sam Raimi prolonge de façon inattendue sa saga Evil Dead dans un monde médiéval envahit de ghoules et de squelettes ricanant avec L’armée des ténèbres en 1992 (et prolongera l’expérience de la fantasy au petit écran avec les séries Hercule et Xena, La Guerrière en 1995), mais il faut attendre l’avènement des images de synthèse et le choc Jurassic Park (1993) pour que leur potentiel génère de nouvelles envies créatives. S’il ne marque pas les esprits pour ses qualités intrinsèques, Cœur de Dragon (1996) de Rob Cohen propose néanmoins un dragon de toute beauté, alors qu’en Nouvelle-Zélande, en illustrant les fantasmes créatifs des adolescentes meurtrières de Créatures Célestes (1994) et le monde fictif de Borovnia, Peter Jackson sème les graines de son projet le plus ambitieux. Mentionnons au passage l’importance du Braveheart (1995) de Mel Gibson qui, bien que jouant la carte du récit historique, propose, avec ses scènes de batailles dantesques, une esthétique de la guerre qui fera école dans bien des productions de fantasy à venir. Déconstruction du mythe de Beowulf et film maudit porté par une réalisation de toute beauté, Le 13ème Guerrier de John McTiernan mérite également le coup d’œil. Les plus affamés se seront entre temps rabattus sur le cinéma asiatique et l’animation japonaise et pour s’aventurer sur les terres des Chroniques de la Guerre de Lodoss (1990), ou le magnifique Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki (1997).
Âge d’or
Alors qu’un nouveau Star Wars s’annonce en 1999 avec La Menace Fantôme, les vannes des mondes imaginaires s’ouvrent à nouveau. Innovation technologique toujours, la mise au point du logiciel Massive, gérant la multiplication de milliers de figurants virtuels, permet à Peter Jackson et ses alliées Fran Walsh et Philippa Boyens de concrétiser la première adaptation live de l’œuvre de J.R.R. Tolkien, au prix d’une aventure éreintante et d’un long travail d’adaptation. Au rythme d’un film par an, la trilogie du Seigneur des anneaux (La communauté de l’anneau en 2001, Les deux tours en 2002, Le retour du roi en 2003) va s’imposer comme l’événement des cultures de l’Imaginaire au début du second millénaire. Autre adaptation littéraire, d’une œuvre plus récente celle-ci, l’avènement de la saga Harry Potter (8 films de 2001 à 2011) troque les épées contre les baguettes magiques. Elle va contribuer à faire de la fantasy un genre incontournable. Personne ne s’étonnera de la suite même si, contrairement aux années 80, ce nouveau cycle bénéficie de moyens beaucoup plus importants. La moindre racine légendaire semble propice à générer un arbre filmique, et les adaptations fleurissent. Donjons & Dragons (2000), Eragon (2006), Le Monde de Narnia (3 films, de 2005 à 2010), Percy Jackson (Le voleur de foudre en 2010, La Mer des monstres en 2013), À la Croisée des mondes : La Boussole d’or (2007), Les Chroniques de Spiderwick (2008)… les motifs de fantasy se propagent partout, s’hybrident, jusqu’à imprégner la seconde aventure cinématographiques de Hellboy, Hellboy II : Les légions d’or maudites (2008), et son prince Nuada évoquant l’Elric de Moorcock.
De Thor à Wonder Woman, le cinéma de super-héros va lui aussi puiser régulièrement son inspiration dans le chaudron du mythique.
Ciblant enfants, ados, adultes… depuis aujourd’hui presque un quart de siècle, les sorties abondent et remplissent les écrans du monde entier, grands comme petits. La télévision pourvoit régulièrement à la cause à coups de mini-série : Merlin en 1998, Les Brumes d’Avalon en 2001… Plus proche de nous, on pense bien entendu à Games of Thrones, qui ouvre en 2011 les chroniques sanglantes des guerres de Westeros avant de les achever en 2019. Mais c’est aussi à la télévision britannique que Les Annales du Disque-Monde sont adaptées à plusieurs reprises (Les Contes du Disque-Monde en 2006, Discworld en 2008, Timbré en 2010), sans retrouver pour autant la verve de Terry Pratchett. On notera d’ailleurs que beaucoup d’œuvres cinéma précitées sont devenues à leur tour des séries au cours de ces dernières années.
Bien entendu, les vagues sont inégales, aux bonnes surprises succèdent les désenchantements. Grande autrice du genre, Ursula K. Le Guin est portée à l’écran par Gorō Miyazaki pour le Studio Ghibli avec Les Contes de Terremer en 2006. Neil Gaiman, auréolé aujourd’hui du succès de Sandman, se voit adapté à son tour avec le très sympathique Stardust, le mystère de l’étoile, réalisé en 2007 par Matthew Vaughn. Gaiman, toujours, signe la même année le script du Beowulf de Robert Zemeckis. On se réjouira de la saga d’animation Dragons (3 films, de 2010 à 2019, et un florilège de séries), tout en vouant à la colère de Crom le nouveau Conan (2011, par Marcus Nispel). De façon plus inattendue, si la fantasy s’inspire volontiers du merveilleux et du contes, un mouvement inverse se produit lorsque l’on assiste à la militarisation épique d’Alice au Pays des Merveilles avec le film éponyme de Tim Burton en 2010, auxquels succèdent dans un principe similaire les saugrenus Blanche-Neige et le Chasseur (2012, Rupert Sanders) et Le Chasseur et la Reine des Glaces (2016, Cédric Nicolas-Troyan). Le retour de Peter Jackson en Terre du Milieu fait les frais de cette systématisation guerrière : la trilogie du Hobbit (3 films, de 2012 à 2014), bien que parcourue de moments de haut vol, loupe le coche sur le ton et le fond. L’enthousiasme du début de cet âge d’or semble s’épuiser, l’exploit visuel s’est banalisé, le systématisme de certains procédés lasse, mais les jeux sont loin d’être faits. L’univers des sorciers de J.K. Rowling n’en finit pas d’être exploré dans la saga des Animaux fantastiques (3 films jusqu’ici, de 2016 à 2022), Tolkien et Les Anneaux de pouvoir entrent en duel avec Martin et House of the Dragon dans la vaste arène des séries à haut budget, et les fans de The Witcher n’en finissent pas d’attendre la troisième saison du périple de Geralt de Rivia. Plus confidentiel, mais d’une beauté rare, The Green Knight de David Lowery (2021) replonge un texte original de la légende arthurienne et en extrait un film hypnotique d’une grande poésie. Mentionnons également le succès immense d’une rare appropriation française des contes du Graal, en tout cas la plus connue depuis le Perceval le Gallois de Eric Rohmer (1978), le bancal Kaamelott : Premier Volet d’Alexandre Astier (2021). Nous n’irons pas plus loin dans l’énumération, les plateformes de streaming regorgent de titres plus ou moins obscurs. Et, faute de pouvoir y consacrer une encyclopédie, l’auteur de ces lignes ignore volontairement les séries animées…
En somme
On le voit, le panorama est vaste, les titres plus longs à compter que les Uruk-hai émergeant du ventre d’Isengard. Si l’épique semble être devenu le siamois de la fantasy, on note toutefois que le carburant imaginaire du genre peut aussi alimenter des histoires à la portée beaucoup plus personnelle. Tout comme L’histoire sans fin montrait le jeune Bastien surmonter le deuil de sa mère en donnant le nom de la défunte à l’Impératrice de Fantasia pour la sauver et raviver, recréer son imaginaire, Guillermo Del Toro fera d’un monde de fées, des contes et de faunes l’alternative à l’Espagne franquiste de la jeune Ofélia du Labyrinthe de Pan (2006). Sous ses dehors de sous-Narnia, Le Secret de Terabithia (2007, Gábor Csupó) est un drame déchirant sur la première confrontation brutale entre un adolescent et la mort. Le gigantesque monstre de bois de Quelques minutes après minuit (2016, Juan Antonia Bayona) accompagne le petit Conor dans la lente acceptation de la maladie mortelle de sa mère, tout comme la Chasseuse de Géant (2018, Anders Walter) du film éponyme fuit la réalité en se projetant tueuse de colosses mythiques. Une forme de fantasy de l’intime qui vient contrebalancer la vision majoritairement spectaculaire du genre, où l’esprit d’un Gilliam n’est jamais loin, rappelant au passage que l’apport de la fantasy à l’art du récit ne se limitera jamais à une affaire de coup d’épées, de muscles ou de discours glorieux de héros à l’aube de la bataille, tout aussi galvanisante la quête puisse-t-elle être…
Christophe Mavroudis